Les individus situés aux niveaux inférieurs des structures sociales présentent une pire santé, les effets les plus évidents du stress et sont plus vulnérables aux maladies. Cela se produit chez les poissons, aussi chez les abeilles et les primates, y compris l'homme. Afin de clarifier les relations de cause à effet entre l'un et l'autre, une équipe dirigée par Jenny Tung, du Département de génétique humaine de l'Université de Chicago, a étudié l'expression génique de 49 rhesus macaques et a conclu que l'expression des gènes varie en fonction de leur position hiérarchique. En particulier, on a étudié les gènes de certaines cellules impliquées dans le système immunitaire (cellules PBMC) et des 6.097 observés des changements d'expression associés au statut ont été détectés en 987.
Contrôlant et égalisant des conditions différentes du statut, les chercheurs ont divisé les macaques en petits groupes de cinq. Le statut dépendait de l'ordre d'intégration dans le groupe, comme d'habitude chez les macaques, et se reflétait ainsi dans les comportements mutuels des macaques (attaques, tentatives de nettoyage…). Or, après les analyses génétiques, les chercheurs ont trouvé une relation significative entre l'expression génique des cellules PBMC et le statut des macaques, et même, à partir des données génétiques recueillies, ils ont pu prédire le statut de 10 individus avec une précision de 80%. De même, en changeant de groupe les macaques et donc de niveau, ils ont observé que l'expression des gènes changeait aussi : le modèle correspondant au nouveau statut s'imposait rapidement dans les cellules.
Les chercheurs de l'Université de Chicago ont également étudié les mécanismes moléculaires possibles des changements expressifs, et ont constaté que, dans plus des deux tiers des cas, deux changements ont eu lieu dans la composition du tissu et dans la régulation des glucocorticoïdes, dus au stress. Des différences ont également été trouvées dans la méthylation de l'ADN pour distinguer les macaques de haut et bas statut.
Comme l'ont souligné les chercheurs dans l'article publié dans le magazine PNAS, les résultats obtenus indiquent d'une part que la relation entre statut et expression génique est due au statut et non à l'inverse, et, d'autre part, à la plasticité élevée de l'expression génique. -------------------