L'exécution des mesures signées par les États dans l'Accord de Paris affecterait directement non seulement le réchauffement climatique de la Terre, mais la santé humaine. Des millions de vies seraient sauvées des bénéfices indirects découlant de ces mesures : un air plus propre sauverait 1,6 millions de vies chaque année, une meilleure alimentation 6,4 millions et une plus grande activité physique de la population 2,1 millions. Mais encore plus de vies seraient sauvées si la santé se situait au centre des politiques climatiques : 48% de plus que ce qui serait sauvé avec un air plus propre, 8% de plus de régime et 79% de plus d'exercice.
Une étude publiée dans le magazine The Lancet Planetary Health a mis ces numéros sur la table et a montré que les politiques climatiques doivent non seulement planifier des interventions technologiques mais aussi sanitaires.
La recherche a analysé neuf pays du monde: Chine, Allemagne, Brésil, États-Unis, Inde, Royaume-Uni, Afrique du Sud, Nigeria et Indonésie. Ils représentent 50% de la population mondiale et 70% des émissions entre neuf. En plus d'analyser les émissions produites par les secteurs de l'énergie, de l'agriculture et du transport dans ces pays, les décès dus à la pollution atmosphérique, aux régimes déficients et au manque d'activité physique ont également été quantifiés chaque année.
Trois scénarios ont été comparés: le scénario avec les politiques actuelles en matière d'énergie, de qualité de l'air, de transport et de santé; le scénario aligné avec l'Accord de Paris; et celui qui recueille des mesures visant explicitement à améliorer la santé dans les politiques climatiques.
La santé au cœur des politiques climatiques
Selon les scientifiques, mettre la santé au centre des politiques climatiques impliquerait de planifier des ressources pour réduire la pollution de l'air, améliorer les régimes et marcher et faire du vélo. Et c'est que de nombreux problèmes de santé sont basés sur une vie sédentaire, par exemple, et la marche et le vélo résoudraient le problème. Dans la planification des centres urbains, il est donc nécessaire de disposer de moyens pour marcher et faire du vélo : parcours directs, sûrs et de qualité. Dans cette planification, les espaces naturels devraient également être intégrés ou proches des centres urbains afin qu'ils puissent être accessibles à tous les citoyens.
En ce qui concerne le régime alimentaire, chaque pays devrait analyser quel type d'aliments de qualité ont à la disposition des citoyens. Selon les chercheurs, il est nécessaire d'analyser le système alimentaire lui-même, car il est aujourd'hui le plus grand obstacle à l'amélioration des régimes alimentaires. Ils soulignent qu'il faut faire une transition vers des régimes plus nutritifs, surtout dans les pays occidentaux : plus de fruits et de légumes, moins de viande rouge et moins d'aliments transformés. Selon les chercheurs, 22% des décès évités par l'amélioration de l'alimentation sont dus à la réduction de la consommation de viande, 15% de fruits et légumes en plus, 9% de légumes en plus, 6% de fruits secs en plus et 3% de poisson en plus. Les 50% restants des décès sont dus directement à la diminution de l'obésité. Selon les chercheurs, pour que cette transition se produise, il est important que l'amélioration du système alimentaire soit l'un des piliers des politiques climatiques.
En réalité, cependant, les politiques climatiques ne visent pas ces interactions, car on ne voit pas les avantages qui seraient tirés de la planification conjointe. Selon les auteurs, les experts en santé devraient travailler en mémoire avec les politiciens, économistes, ingénieurs et experts en énergie, transport et agriculture qui travaillent à la création de politiques climatiques. C'est seulement de cette façon que la santé humaine serait à la base de toutes les politiques climatiques.
En outre, les chercheurs soulignent que l'alignement des politiques climatiques avec les objectifs de santé a un autre avantage clair : les actions qui ont jusqu'ici été vues d'un point de vue purement environnemental pourraient atteindre une plus grande acceptation politique et sociale.
La proposition a été faite par Ian Hamilton lui-même, directeur de la revue The Lancet Planetary Health, au milieu de la pandémie créée par une zoonose débordée et au seuil de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 26) qui se tiendra cette année à Glasgow (Royaume-Uni). La même idée est confirmée dans l’éditorial du magazine: Les mesures pour que les émissions de CO2 soient zéro sont l'intervention sanitaire la plus importante au monde, maintenant et pour de nombreuses décennies à venir.