Ce sont des machines typiques des êtres vivants : des structures formées de protéines capables de travailler avec une source d'énergie. Mais le design et la création humaine peuvent ouvrir une infinité de possibilités. Le prix Nobel de physique, Richard Feynman, a déjà avancé dans les années 80 que la miniaturisation de la technologie pouvait supposer une véritable révolution, et la Fondation Nobel a voulu récompenser cette année les initiateurs de cette révolution.
Le premier pas dans le développement de ces machines moléculaires fut fait par Sauvage en 1983, lorsqu’il réussit à réunir deux molécules en forme d’anneau en créant une chaîne. Au lieu de relier ces deux molécules aux liaisons covalentes traditionnelles, puissantes, dans lesquelles les atomes partagent leurs électrons, unis par un lien plus libre, le chercheur a obtenu que les deux parties puissent se déplacer. C'est ce qu'une machine a besoin dans sa base de fonctionnement.
Des années plus tard, en 1991, Stoddart développa le rotaxane, établissant un axe fin dans un anneau moléculaire, qui réussit à déplacer l'anneau à travers l'axe. Il a ainsi conçu l'ascenseur qui se déplaçait avec 0,7 nanomètres. Il a également développé des muscles moléculaires à base de rotaxanes.
Et Feringa, troisième prix, a développé le premier moteur moléculaire. En 1999 il a réussi à monter le moteur moléculaire tournant son aile dans la même direction. Avec ce système a réussi à déplacer un cylindre en verre 10.000 fois plus grand. La conception de la première voiture moléculaire de l'histoire a également été la réalisation de l'équipe de Fering, qui en 2011 a mis à tourner quatre roues de molécules, unies dans une sorte de châssis moléculaire.
Le communiqué de presse publié par la Fondation Nobel indique que le moteur moléculaire se trouve actuellement dans la phase de développement dans laquelle se trouvait le moteur électrique dans les années 1830, quand ils ne savaient pas exactement quels outils il allait mobiliser à l'avenir. Mais Feringa lui-même a donné l'exemple lors de la cérémonie d'aujourd'hui : il existe déjà des groupes de recherche qui conçoivent des nanorobots capables de s'introduire dans le sang et de réparer les personnes touchées. Aujourd'hui, on ne sait pas ce que va apporter la chimie à l'avenir.