Une étude de l’UPV/EHU révèle que près de la moitié des événements négatifs pour la biodiversité ne sont pas mentionnés dans les rapports de durabilité des entreprises énergétiques. En particulier, seulement 23% des cas sont collectés et, dans les autres cas, des stratégies de blanchiment sont utilisées. Une méthodologie novatrice de contre-comptabilité a été utilisée pour atteindre ces résultats.
L’étude a été réalisée par l’équipe de recherche sur la réalisation des Objectifs de développement durable, l’activité entrepreneuriale et l’économie circulaire, dirigée par le doctorant Goizeder Blanco Zaitegi. Plus précisément, au cours de la période 2020-2021, 47 incidents concernant les 30 plus grandes entreprises énergétiques de la zone euro (déforestations, électrocutions d’oiseaux, destruction d’habitats…) ont été analysés et 22 n’ont pas été mentionnés dans les rapports de durabilité des entreprises. Parmi les entreprises analysées figurent EDF et Total en France, et Enagas en Espagne, Endesa, Iberdrola, Naturgy, Repsol…
Selon les chercheurs, les directives européennes obligent les grandes entreprises à publier des documents relatifs à l'environnement et à la biodiversité, mais les informations qui doivent y figurer ne sont pas entièrement définies. Ainsi, ils collectent de manière diffuse certains des cas auxquels ils se réfèrent et utilisent des stratégies pour justifier la responsabilité des entreprises, comme l'accent mis sur des actions positives (par exemple, allusion aux plantations d'arbres et non à la déforestation induite par l'exploitation).
Parmi les événements qu'ils expliquent en détail, on peut citer les électrifications des oiseaux et les attaques contre les communautés autochtones. Ceux-ci sont plus difficiles à cacher: les décès d'oiseaux sont facilement comptabilisés et il y a des amendes; et dans les cas contre les communautés autochtones, les personnes concernées témoignent et sont confrontées à des litiges.
D’un point de vue méthodologique, les chercheurs soulignent qu’une étude fondée sur la contre-comptabilité a été réalisée. Au lieu d’analyser directement les rapports sur le développement durable des entreprises énergétiques, ils ont d’abord cherché dans des sources externes des événements contre la biodiversité (Google news, réseau social X, médias numériques, sites d’organisations environnementales et non gouvernementales, médias destinés au grand public…). Pour tenir compte d'un fait, il fallait qu'il apparaisse au moins en deux endroits différents. Par la suite, ils se sont rendus aux rapports des entreprises et ont examiné leur collecte et la manière dont celle-ci a été réalisée. À cet égard, le groupe UPV/EHU a apporté une contribution méthodologique à ce domaine. Les détails ont été publiés dans le journal Journal of Behavioral and Experimental Finance.